Il va de soi qu’un service rendu doit lui-même être une marchandise pour être le terme d’un échange marchand.
C’est par conventions de désignations que les marchandises ne sont en définitive échangées que contre des marchandises. Mais ces conventions étant une prise en compte de réalités incontestables, il est à coup sûr vrai que les marchandises ne sont en définitive échangées que contre des marchandises.
Cette vérité en établit trois autres.
Ces autres vérités sont relatives aux subventions, à la marchandise primaire, à l’offre et la demande. Selon qu’elles sont pleinement prises en compte ou plus ou moins éludées, il en résulte des conceptions divergentes de l’économie et, plus généralement, de la vie sociale. L’affaire est donc politiquement de grande importance.
Les subventions transfèrent du pouvoir d’achat qui, d’une façon ou d’une autre, provient de la vente de marchandises.
En d’autres termes, pour qu’il y ait des achats, il faut qu’il y ait d’abord eu des ventes. Ou encore, avec « demande » pour « achats » et « offre » pour ventes, pour qu’il y ait de la demande, il faut d’abord qu’il y ait eu de l’offre. Plus précisément, pour qu’il y ait de la demande de produits finis, il faut qu’y ait d’abord eu l’offre de la marchandise primaire, c’est-à-dire celle d’emplois en contrepartie de salaires. Encore plus précisément, pour qu’il y ait davantage de demande de produits finis, il faut avant tout qu’il y ait davantage d’offres d’emplois procurant un pouvoir d’achat lui-même orienté à la hausse.
L’augmentation durable du volume et de la qualité des échanges marchands dépend de l’augmentation elle-même durable du volume et de la qualité des échanges de la marchandise primaire.
Il n’y a véritablement croissance économique que quand il y a au moins autant de créations que de disparitions d’emplois stables et que le pouvoir d’achat des salaires augmente. Quel est le ressort le plus approprié pour y parvenir ? La pertinence d’une théorie et d’une politique économiques dépend beaucoup de la réponse qu’elles apportent à cette question.
Les parties prenantes aux échanges marchands sont toutes à la fois offreuses et demandeuses.
C’est totalement et immédiatement évident dans le cas du troc. Cela reste vrai quand l’un des deux termes de l’échange marchand est une quantité de monnaie. Dans ce dernier cas, pour l’une des deux parties, l’offre est constituée d’une marchandise et la demande d’une quantité de monnaie. Pour l’autre partie, c’est l’inverse : l’offre est constituée d’une quantité de monnaie et la demande d’une marchandise.
Dans le cas de l’employeur et de l’employé, qui est l’offreur et qui est le demandeur ?
L’employeur est demandeur d’un service et offreur d’un salaire. L’employé est demandeur d’un salaire et offreur d’un service. L’usage mettant davantage l’accent sur le salaire que sur sa contrepartie, il est convenu de considérer que l’offreur est l’employeur et le demandeur l’employé ou le chercheur d’un emploi. En réalité, les deux sont offreurs et demandeurs, l’un d’une marchandise, l’autre de son paiement.
En vertu de ces acceptions, certains considèrent que l’offre est le générateur des échanges marchands. D’autres affirment que c’est la demande. La question est de savoir par où et comment se réamorce sans cesse l’échange des marchandises contre les marchandises. Les notions ambivalentes d’offre et de demande ne procurent pas de façon sûre la meilleure réponse parce qu’elles sont ambivalentes.