Wirecard est une entreprise spécialisée dans la technologie et les services financiers. Elle a connu un succès fulgurant et à grande vitesse. Toutefois, sa chute a été rude. La nouvelle coqueluche de la bourse allemande a fait face au plus grand scandale financier de cette décennie, ce qui, au final, a conduit à son démantèlement. Son effondrement brutal a eu un impact important sur l’industrie financière de l’Allemagne sous le gouvernement d’Angela Merkel. Voici un retour et un focus sur tout cet évènement.
Qu’est-ce qu’une fintech ?
La révolution internet a permis de révolutionner les techniques de gestion de données sophistiquées grâce au cloud computing. La fintech émerge de cette tendance pour offrir une meilleure gestion des opérations financières. Elle bouleverse l’international finance via le « digital transformation » que cela engage. Entreprises et consommateurs ont alors le choix entre différents types de transactions financières grâce à l’usage de logiciels et d’algorithmes sur ordinateurs et sur smartphones.
À la place des services financiers traditionnels se créent des startups fintechs qui développent l’inclusion financière par l’exploitation des innovations technologiques. Ce type de business-model est efficace pour réduire les coûts opérationnels associés à chaque transaction. Ils lancent de nouveaux produits financiers plus rapides, moins chers et sécurisés. Les consommateurs trouvent leurs intérêts dans la grande fluidité de ce service et dans les multiples acquisitions possibles et aux prix les plus bas.
Petite histoire de Wirecard, la fintech allemande
La fintech allemande Wirecard a été créée en 1999. Elle a connu une forte croissance au cours de cette décennie et affiche vite son leadership international en termes de solutions de paiements en ligne. Elle est l’une des startups factory pionniers qui développent la promotion et l’agrément des monnaies virtuelles.
En 2009, le chiffre d’affaires de Wirecard culmine les 228 millions d’euros avec un bénéfice de 45 millions d’euros. En 2018, la capitale boursière de cette fintech atteint les 20 milliards d’euros courants. Au cours de l’année 2019, l’entreprise a opéré plus de 671 milliards de transactions financières. 6000 salariés travaillent à son actif, et sont dispersés dans 26 succursales installées dans le monde entier.
Ce succès fulgurant s’est brusquement arrêté à cause d’une suspicion de fraude comptable d’une valeur de 1,9 milliard d’euros. Les auditeurs du cabinet EY (Ernest & Young) ont constaté un trou de près de deux milliards d’euros dans le bilan de l’entreprise. L’inexistence réelle de cette somme a causé l’effondrement en bourse de Wirecard, suite au renvoi du président de la corporation.
Les principaux services proposés par Wirecard :
Étant l’un des premiers fintechs côtés en bourse de Wall Street, Wirecard est vite devenu un groupe international avec des forces de capital tournant autour de trillion de dollars. L’entreprise propose différents services monétaires tels que :
- Acquiring bank ou le traitement des paiements par cartes bancaires
Wirecard sert de vecteur de liaison entre les consommateurs et les banques des commerçants dans le processus de paiement par carte bancaire.
- E-commerce solutions ou les paiements en ligne (exemple de flexybeauty et ses solutions en e-commerce).
La société présente des solutions tout-en-un pour les paiements auprès des sites e-commerce.
- Electronic shelf labels ou les étiquettes électroniques
Spécialiste du paiement ESL, Wirecard développe le concept de scanner l’étiquette d’un article avec un smartphone pour ensuite réaliser son achat via mobile money par paiement mobile.
- Mobile Card Reader ou les paiements sans contact
L’entreprise présente des terminaux de paiement sans contact par l’usage de carte bancaire ou de smartphone.
- Mobile payement ou les paiements mobiles
Elle s’associe et développe la démocratisation de l’usage de multiples technologies telles que le QR Code, le HCE, le NFC, le BLE ou les portefeuille e-wallet…
- Multi-currency Travel Card
Wirecard développe d’innombrables solutions innovantes facilitant les multiples sortes d’acquisitions et d’échange monétaire. « Boon » une solution moderne pour les paiements sur smartphones en fut un exemple. Ce groupe international continue sa croissance avec l’acquisition des sociétés telles que « Citi Prepaid Card Services » en Philadelphie et de « Moip » au Brésil, de « MyGate » en Afrique du Sud… En même temps, Wirecard revoit et améliore ses technologies de paiements POS ou Point Of Sales, affichant ainsi son leadership en matière de paiements numériques.
Le scandale puis le dépôt de bilan
Le scandale à la base de la chute de Wirecard tourne autour de ces 1,9 milliards d’euros censés existés dans deux banques aux Philippines. Les deux banques en question, BPI et BDO affirment en retour n’avoir aucun lien avec Wirecard. Une enquête a été lancée par la banque centrale de Philippines et atteste l’inexistence de ces fonds entrant dans le système financier du pays.
Ces évènements effervescents ont conduit à la démission du Président de la corporation Markus Braun. À ses 51 ans, le monsieur a été arrêté par le gouvernement allemand quelques jours plus tard. Il a été accusé d’avoir gonflé artificiellement le bilan financier de son industrie en vue de booster ses « investor relation » et d’afficher ainsi une image attractive aux yeux des clients et des investisseurs. Suite à cette condamnation, il a dû verser une caution de 5 millions d’euros pour pouvoir retrouver sa liberté.
Markus Braun tente de se défendre dans une vidéo en précisant être la victime d’une fraude aux proportions considérables. La filiale décide ainsi de porter plainte contre X.
Les conséquences de la chute de Wirecard
Le scandale et la chute de Wirecard ont profondément secoué le gouvernement allemand et particulièrement les autorités de supervision financières allemandes, jugées incapables de prévenir et d’empêcher les fraudes de telles envergures. De près ou de loin, les conséquences de cette chute sont réelles :
Les conséquences directes : rupture de services de nombreuses fintechs
Le scandale a généré la mise en doute du modèle économique basé sur les systèmes de paiement en ligne bavarois.
Les conséquences indirectes : renforcement des contrôles et une défiance à l’égard des fintechs
Le système financier allemand a montré ses limites en n’étant pas parvenu à empêcher la concrétisation de cette fraude. Le superviseur Bafin, les différents contrôleurs : les agences de notations, les auditeurs, les banques, et les sociétés d’investissement sont passés à côté de ce trou de deux milliards d’euros. Delà s’impose alors le renforcement des contrôles et de la culture de supervision des autorités de supervision financières allemandes.